Réconcilier le personnel et le collectif

Je démarre ici un blog qui vise à faire dialoguer l’intime et l’universel. A réconcilier ce qu’on appelle communément « le développement personnel » et « la politique ». Deux termes galvaudés, qui sont souvent utilisés pour se juger les uns les autres.

J’aimerais montrer que les deux sont complémentaires. Qu’utiliser ces deux lunettes nous permet d’avoir une vision plus en relief et d’enrichir notre compréhension des enjeux de notre époque.

Mon constat se base sur deux types de critiques que j’ai pu lire ou entendre à de nombreuses reprises :

  • Une critique de « agir à son échelle » (comme ce que font les Colibris) : ce serait dérisoire, vain. Une illusion. C’est synthétisé par exemple dans cette phrase : « L’écologie sans la lutte des classes, c’est du jardinage ».
  • Une critique des mouvements et des personnalités politiques, qui promeuvent des idées mais n’agissent pas en cohérence avec elles. Qui n’incarnent pas ce qui est prôné. Et qui donc contribuent à perpétuer les mécanismes et les structures qui perpétuent les rapports de domination entre les gens et groupes sociaux, et sur le vivant.

Je comprends ces deux points de vue critiques. Et plutôt que les renvoyer dos à dos, j’aimerais que l’on comprenne que nous avons besoin des deux perspectives. Nous avons besoin d’apprendre à nous connaître personnellement, à étendre notre conscience, à nous libérer de nos conditionnements, à avoir des relations justes, respectueuses et harmonieuses avec les autres.

Et nous avons besoin de prendre en considération les dimensions collectives et systémiques, pour ne pas nous couper des réalités et des catastrophes en cours dans lesquelles nous sommes imbriqués. Pour pouvoir agir et faire une différence à plus large échelle, parce que l’urgence de changer de société est là.

Marshall Rosenberg, le créateur de la Communication NonViolente (CNV), aurait dit ceci lors d’une retraite sur la Justice Sociale, en Suisse en 2005 :

« Si j’utilise la Communication NonViolente pour libérer les gens, pour qu’ils soient moins déprimés, pour qu’ils s’entendent mieux avec leur famille, mais qu’ils n’apprennent pas en même temps à utiliser leur énergie pour transformer rapidement les systèmes dans le monde, alors je fais partie du problème. Je suis essentiellement en train de calmer les gens, les rendant plus heureux de vivre dans les systèmes tels qu’ils sont, dans ce cas, j’utilise la CNV comme un stupéfiant. »

Dans mon métier d’accompagnante, j’utilise la CNV et d’autres outils thérapeutiques, comme la maïeusthésie, dans le but de permettre aux personnes d’être plus présentes à elles-mêmes. Une personne présente à elle-même va agir en cohérence avec ce qui est juste pour elle et ce qui est juste pour les autres (je reviendrai sur les concepts de présence/absence à soi dans un prochain article, j’en ai déjà parlé sur mon blog personnel dans mon article sur l’enfance).

La société dans laquelle nous vivons, l’éducation dans laquelle nous grandissons, nous coupent de qui nous sommes, de nos élans spontanés à l’entraide et à la coopération. Nous apprenons à avoir honte, à nous sentir coupables, à être en compétition les uns avec les autres. En sortir et faire autrement, se reconnecter avec qui nous sommes, nécessite un travail sur soi. Cela nous permet de nous engager pour le monde à partir d’un espace juste et de ne pas reproduire les mécanismes de domination.

Le développement personnel et l’engagement politique (au sens large, incluant l’activisme, les luttes, les associations, les ONG, les élections, les assemblées, la production de textes, l’art…) sont deux mouvements au service d’une transformation à la fois individuelle et collective.

Je crois que non seulement les deux sont nécessaires, mais qu’en plus ils s’alimentent l’un l’autre. Nous ne changerons pas le monde si chaque personne se soucie de son développement personnel sans tenir compte des dimensions collectives. Nous ne changerons pas le monde si les mouvements collectifs ne cherchent pas à changer les fondements inconscients et conscients sur lesquels ils se basent et à partir desquels ils agissent. Nous le changerons en faisant les deux à la fois, comme la respiration se fait en inspirant et en expirant.

C’est à cela que je souhaite contribuer modestement mais activement, par ces articles de blog, ainsi que par des vidéos en Live durant lesquelles je reviendrai sur ces sujets et où nous pourrons interagir directement, sur la page Facebook de Relations Vivantes.

Je vais essayer de me fixer un calendrier, ce qui n’est pas évident pour moi ! Mon intention est de publier un article + de faire un Live chaque mercredi à compter de cette semaine.

Voici le lien pour regarder la vidéo associée à l’article que vous êtes en train de lire (ça démarre à 6’30).

J’aurais plaisir à lire vos commentaires sous les articles et sous les vidéos, et à y répondre.

Chaleureusement,

Emmanuelle

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